Renaissance d’une grange de l’An VII à Lembach

Cette grange imposante, située dans le centre de Lembach était la proie des intempéries , du vent et de la pluie depuis plusieurs années .

Elle avait certainement fière allure lorsqu’elle a été bâtie en l’An 7 de la République (IM-7-DEN-IAHR) = l’an 1799 de notre ère.

Le projet de transformation en logements ne s’est jamais concrétisé et les infiltrations ont peu à peu dégradé sa structure ; tout un côté s’est effondré, et le pignon , encore debout , menaçait sérieusement une maison voisine.

En 2016, elle a fait l’objet d’un arrêté de péril et a failli tomber sous les coups des démolisseurs , lorsque Jean- Paul Mayeux a eu l’idée de la « transplanter » à côté de l’église protestante où la grange du manoir des Fleckenstein ( ‘s Schloessel ) érigée en 1755, en même temps que la nef de l’église, avait piètre allure. En effet, l’incendie de septembre 1941 n’avait épargné que la base des murs en pierre. Seule une moitié de la grange avait été reconstruite dans les années 60 , avec une couverture en tuiles mécaniques gélives rongées depuis lors par le gel . Du côté de l’église subsistait un vague espace délaissé envahi par une végétation d’orties et de sureaux.

Pour éviter la disparition de ce témoin de l’An 7, nous avons proposé à la propriétaire un démontage soigné à nos frais , afin de récupérer les structures en chêne encore saines , essentiellement le pignon Est et une partie de la façade Nord encore abritée de la pluie. Cédric Brenner s’est attelé à la tâche le 10 octobre 2016 avec Aymeric et Steeve , et après une semaine de travail, la charpente en chêne a pris la route de son atelier à Hochfelden.

Pendant ce temps, Jean- Christophe Brua, architecte du patrimoine, a imaginé la restitution de la grange de 1755 , en a dessiné les plans et obtenu sans difficultés le visa de l’ABF pour le permis de construire qui a été accordé par le maire de Lembach , Charles Schlosser , le 12 septembre 2017 .

Les travaux de maçonnerie confiés à l’entreprise Mabaloc ont permis de créer une fondation solide en réutilisant au maximum ce qui restait des murs en moellons qui ont été également consolidés.

La charpente , retaillée en atelier , a été posée en quelques jours au mois de juin 2018 par Jérémy, Mark et Joseph de l’entreprise Brenner ; ils étaient déjà intervenus l’année précédente sur le site pour restaurer la charpente du manoir. Une équipe de Chanzy- Pardoux, sous les ordres de Christophe Berlemont , a remplacé la totalité de la couverture de la grange avec des tuiles Biberschwanz semi artisanales réalisées par Christophe Henselmann dans sa tuilerie de Niderviller.

Les enduits ont été réalisés par Christophe Gehl et sont venus parachever l’ouvrage qui a retrouvé son aspect de 1755, avec en particulier la restitution des deux demi-croupes d’origine , repérées sur des cartes postales anciennes de Lembach .

Les poteaux du futur portail prennent appui sur d’imposants chasse-roues en grès rose munis de crapaudines, vestiges d’une grange qui s’était effondrée à Kleinfrankenheim il y a près 50 ans et sauvées récemment des griffes d’un démolisseur.

Le pignon reconstruit est parfaitement visible depuis la place André Weckmann ( ‘s Schulplatzel ) et restitue à nouveau le front bâti de la cour du temple où régnait un vide depuis 77 ans dans le vieux quartier du Flecken.

La grange de l’An 7 a donc été sauvée in extrémis , et en traversant la Sauer, a fait renaître la grange du manoir érigée en 1755 .

Denis Elbel

Février 2019